"L'heure a sonné ..." [PV Riko]

Hello World Traffic crawls, cell phone calls Talk radio screams at me through my tinted window I see A little girl, rust red minivan, shes got chocolate on her face Got little hands and she waves at me Yeah, she smiles at me Well, hello world How you been Good to see you, my old friend Sometimes I feel cold as steel Broken like Im never gonna heal And I see a light, a little hope in a little girl Hello world Every day I drive by a little white church Its got these little white crosses Like angels in the yard Maybe I should stop on in, say a prayer Maybe talk to God like he is there Oh, I know hes there Yeah, I know hes there Well hello world How you been Good to see you, my old friend Sometimes I feel as cold as steel And broken like Im never gonna heal And I see a light, a little grace, a little faith unfurls Well hello world Sometimes I forget what livings for And I hear my life through my front door And I breathe it in Oh, Im home again And I see my wife Little boy and little girl Hello world Hello world Well the empty disappears I remember why Im here Just surrender and believe I fall down on my knees Well hello world Hello world Hello world

Je me laissai tomber sur la pierre froide lorsque ma tâche fut accomplie.

Elle ne fut pas de tout repos, comme le montrait mon état.

Premièrement, j'étais allée chez Uchuu, dans l'univers. A la peur de le confronter se mêla la frustration, la tristesse de trouver porte close. Seul mon corps, mon nouveau corps, était posé devant . Je m'en étais approchée et avait caressé les cheveux qui allaient être miens dans quelques heures. Je serai si grande … si différente …

Ma main était alors allée effleurer la porte et je m'étais retenue de frapper. Il ne voulait plus de moi … il était inutile d'insister. Je le remercierais le moment venu. Je savais que ça viendrait. Du moins … je l'espérais.

J'avais saisis mon nouveau corps. Il était vraiment lourd et j'eus peine à le porter. J'avais alors commencé alors ma descente vers la Terre. Ma chute s'était trouvée bien plus rapide que prévue. Ce corps m'attirait … comme s'il voulait que je m'éclate au sol … Comme si Uchuu, à travers lui, voulait ma mort … Mais non … Il fallait que je parvienne en vie sur Terre … et que mon nouveau corps soit parfait … pour lui.

Comment m'accepterait-il? Il faudrait bien qu'il transfère mon fragment. Le ferait-il? J'avais tellement peur d'un rejet … C'était quelque chose à laquelle je n'avais pas encore pensé. Comment allais-je lui présenter la nouvelle situation? Allais-je lui mentir, lui aussi?

J'ouvris des yeux que j'avais apparemment fermé sans m'en rendre compte. Je ne pouvais pas dormir mais il m'arrivait parfois d'avoir des moments … d'absence. Des milliers de fragment d'étoile formaient sous moi un nuage qui m'avaient apparemment portés au sol. Ils m'avaient freiné et m'amenaient doucement me poser sur la stèle de mon Sanctuaire. J'y repris souffle.

Souffle … C'était encore une chose que ce corps ne me permettrait pas d'avoir. Mais je savais qu'un jour j'y parviendrais … Même si j'avais perdu au Alice Game …

Je devais enfreindre les lois. Je devais continuer à me battre ou j'allais tout perdre. Tout ça n'était pas fini finalement … Mais j'avais eu ce que je voulais. Et même si je venais à partir j'aurais été la plus heureuse poupée qu'il soit … grâce à lui.

Je jetai un oeil au corps sans vie à côté de moi. Ses cheveux étaient mi-longs à nouveau, les traits de son visage étaient fins, elle était belle. Elle … c'était moi. Ou plutôt ça allait être moi. Uchuu m'avait fait le corps dont je rêvais. Il ne l'avait pas bâclé comme on bâcle une chose qu'on n'aime pas faire. Non, il y avait mis tout son soin, tout son art. Elle semblait même encore plus belle que toutes les poupées qu'il avait faites auparavant. Ses lèvres avaient enfin de la couleur, ses cils étaient ceux d'une jeune femme, ses joues resplendissaient; les formes qu'elle arborait n'était pas ostentatoire mais dégageaient un certain charme, plus que le plat du corps que je possédais en ce moment du moins. Ses ongles étaient taillés en amande et peints en noir. Il n'avait rien laissé au hasard. Il lui avait même confectionné … un poncho.

Je passai un bout de temps à la regarder. Je n'arrivais pas à y croire. Et puis de toute manière, il fallait que j'attende la nuit pour transporter un corps pareil.

Je connaissais maintenant le chemin par coeur. J'aurais pu le faire les yeux bandés. Lorsque le moment me sembla convenir, je pris ce corps sur mon dos et me mis à voler. Je descendais dans la ruelle près de chez mon medium, me plantai devant, poussai la porte et montai les escaliers.

Je me retrouvai devant la porte toujours sans savoir quoi lui dire.

Ma main frappa trois petits coups discrets. Je crois que c'était la seule force qu'il me restait. Et j'avais bien peur que les explications ne doivent attendre le lendemain...

[J'ai remplis ma part du contrat, à toi =) Par contre va falloir que je me créée un nouveau compte ... Et je sais pas comment l'appeler.]

[Un nouveau compte ? Tu sépare carrément ? Bah.. Stella IV ? ^^]

[Ça fait 1h30 que j'avance à reculons.. je vais faire court, toujours mieux que ne rien faire :/ ]

"toc toc toc"

- Qui...

Couché sur le canapé, le jeune homme leva les yeux de son livre et le posa sur la table basse. Il se redressa et lissa les plis de sa chemise avant de rejoindre la porte. Qui cela pouvait-il bien être ? Il recevait peu de visites : même si sa vie sociale s'était développée, il n'avait pas pour autant un cercle d'amis très larges, et ceux-ci ne lui rendaient pas visite à l'improviste. Les seules agissant ainsi étaient les poupées, et généralement la fenêtre faisait office de porte... ouverte ou brisée.
Riko observa le couloir à travers l'œilleton de la porte, cherchant à identifier le visiteur. S'il ne reconnaissait pas la personne, il pourrait envisager de faire la sourde oreille après tout. Personne ne pouvait prouver sa présence, à moins d'avoir l'ouïe assez fine pour percevoir le son du papier lorsqu'il tournait les pages de son livre.
Seul hic : il n'y avait personne. Une possibilité qu'il n'avait pas envisagé sur le coup. Dans le doute, peut-être simplement par paranoïa, le jeune homme enclencha la loquet avant de déverrouiller la porte. Il l'entrouvrit et présenta son visage par l'entrebâillement.

Il haussa les sourcils en découvrant la chevelure blonde dont il connaissait les traits par coeur. Pourquoi par la porte ? Il lui poserait la question plus tard.
Riko referma la porte puis retira le loquet. L'espace d'une seconde, il réalisa que la poupée portait quelque chose avec elle... il n'avait pas réagi sur le coup car les couleurs s'étaient parfaitement mêlées mais en revoyant l'image dans son esprit, il constata que quelque chose clochait. Le seul moyen de vérifier, c'était encore d'ouvrir : ce qu'il fit.

La poupée était là, c'était bien elle, Stella, et une copie d'elle, une autre jumelle peut-être ? Mais plus grande.
Le garçon s'accroupit devant la poupée et fit un signe de tête en direction de la copie.

- Qu'est ce que c'est ?

Il était passé outre les formalités "bonjour", "ça va", etc... Mais le ton de sa question n'était pas pour autant agressif, plutôt inquiet, la poupée transportait ce qui ressemblait à un corps humain.. inerte, de quoi inquiéter n'importe quel humain normalement constitué.
Sans attendre de réponse, il tendit un bras pour attraper l'un des deux bras inertes car il avait constaté l'air fatigué de Stella.

[Tout ce que je peux faire]

Riko mis du temps à m'ouvrir. Il ouvrit, referma. Je ne compris pas. Ne voulait-il pas me laisser rentrer? Je sentis quelque chose en moi se serrer, comme la première phase du rejet, mais il finit par rouvrir. Quel était ce jeu? En tout cas qu'il se dépèche. C'était … J'étais … je serai … enfin, cela faisait son poids.

Riko ouvrit à nouveau la porte, en grand cette fois, mais resta devant sans bouger.

- Qu'est-ce que c'est?

Je levai vers lui un regard plein de haine, tellement j'étais exténuée. Il finit par bouger et saisit l'un des bras que je portais depuis si longtemps. Ca me fit tout drôle. Après tout c'était moi … et ce premier contact … si chaud …

La chaleur. Devrais-je réapprendre cela aussi? Une sorte de panique me prit. Non … il m'avait fallu tant de temps pour ressentir … Je tendis ma main vers le bras de Riko et le touchai doucement. Puis je le poussai, histoire qu'il comprenne que je voulais rentrer. Je passai devant lui en trainant le corps, sans plus avoir la force de voler, et j'allai le poser très doucement sur le canapé, comme s'il était la prunelle de mes yeux … mais non. La prunelle de mes yeux se trouvait derrière moi, je lui tournais le dos, ce que je ne supportais pas.

Je lui fis face en lui souriant. J'avais envie de lui sauter dessus mais je l'avais tellement peu fait que j'étais génée, quelque chose m'en empêchait. Alors j'allais sans doute lui expliquer …

- Eh bien … aussi bizarre que cela puisse paraitre … Je me suis attachée aux humains, à vos coutumes, j'aimerais énormément m'intégrer … et avec cette taille … ce n'est pas … très … simple.

Je me haïssais lorsque j'étais si peu sure de moi. Je regardais le sol, sans savoir trop quoi dire.

Evidemment, ce n'était pas la vraie raison.

- Il va falloir que tu m'aides. Pour … mon fragment. Il faut que tu le transfères dans mon nouveau corps.

J'avais levé les yeux vers lui et le regardai intensément. Pas question qu'il refuse. J'avais tout un tas d'arguments. Et surtout j'avais … le dernier.

[J'ai fait de mon mieux aussi … entre lettres de motivations & devoirs en retard. Ca te permet au moins de répondre quoi … ♥]

La façon dont la poupée le regardait accusait son erreur. Il ne savait pas laquelle c'était, mais il comprit qu'il n'aurait pas du prononcer certains mots, ou qu'il aurait mieux fait de se taire simplement. Malgré ces reproches silencieux, il ne parvenait toujours pas à comprendre et ne pouvait qu'afficher son air interrogatif et étonné devant la demande de la poupée.
Stella attrapa son poignet et tira dessus, il posa son genoux, le droit, au sol et releva les yeux, qui jusque là étaient baissés pour voir la poupée.

- Parce que tu es le seul que j'aie …

Il écarquilla les yeux à cette annonce. Comment devait-il prendre une telle déclaration ? Mesurait-elle la portée de ses mots, était-elle consciente de leur interprétation possible ? Il ouvrit la bouche puis la referma. Le temps qu'il trouve comment répondre, la poupée reprenait :

- Avec ce nouveau corps … Je pourrai parler aux gens. Ouvrir les portes. Ca te paraît si simple, à toi ! Ce n'est pas mon cas. Je suis obligée de venir la nuit ! Parce que le jour, on me demande si je ne suis pas perdue ! On me regarde comme … comme … comme si j'étais malade de je ne sais quoi tellement je suis petite. Si encore je ne vivais que dans un monde de poupées, ça ne me dérangerait pas. Mais là, alors que j'ai décidé, pour toi, de faire des efforts, tu refuses d'accéder à une simple demande, que je te fais à toi car je n'ai que toi !

Elle recommençait. Les mots résonnaient dans la tête du garçon et les questions s'empilaient les unes sur les autres. Il avait toujours vu Stella, comme une poupée, une petite soeur. Ses réactions de jalousie ne l'avaient pas dérangé. Mais à cet instant précis, il devait remettre en question le comportement de la poupée, et l'interprétation qu'il en avait faite. Ces paroles auraient été claires dans la bouche d'une fille de son âge... enfin... une humaine... mais il avait devant lui une poupée. Une poupée qui avait doucement prouvé sa capacité de ressentir, d'aimer. Devait-il la voir toujours comme une poupée... ou plus... ?
Intérieurement, il ne put retenir un sourire, amusé de constater ce changement. Quelques mois plus tôt, il n'aurait jamais imaginer qu'une poupée s'anime, et encore moins qu'elle éprouve des sentiments. Et pourtant, aujourd'hui cela lui semblait naturel, mais il n'avait encore jamais imaginer que ces sentiments puissent aller si loin, et encore moins qu'ils soient réciproques. Il ne savait plus quoi penser, il ne savait plus où il en était, il était perdu.

- J'ai accepté d'arrêter de combattre pour toi, pour te sauver, mais je ne veux pas rester à me lamenter sur ma défaite. Néanmoins si je ne sais quoi t'empêche de faire ne serait-ce qu'une chose pour moi alors je retournerais me battre pour mon Créateur, avec un autre medium.

Pour lui. Il se serait sacrifié pour sa victoire, elle avait accepté la défaite, pour lui. Pendant quelques secondes, il avait vu le néant. A ce souvenir il se demanda à nouveau : était-il mort l'espace de quelques instants ? Il avait du être dans le coma, un coma long, enfin, pour lui.
Et maintenant, un ultimatum : Soit il acceptait, soit elle s'en allait. En ouvrant la porte il n'aurait jamais pu deviner qu'il finirait dans une telle situation, un tel extrême. Il refusait de la perdre. Mais il n'avait pas encore accepté ses "conditions".

Il baissa les yeux vers le sol, les ferma. Plusieurs secondes s'écoulèrent avant qu'il ne ramène son regard à Stella. Un sourire discret.

- Je suis stupide. Non ? - un soupir - J'essaie de me comparer à toi... c'est idiot.

Il dégagea son poignet de la prise de la poupée pour inverser les rôles : il attrapa sa petite main de porcelaine, la caressa doucement, le regard rivé dessus. Une main douce, une main sans défaut, malgré le feu qui l'avait consumée.

*Elle n'est pas de ce monde*

Pourtant, il souhaitait la fin heureuse de son livre, une fin qu'il n'avait pas lue mais qu'il devinait déjà, les histoires finissent toujours bien, mais là, ce n'est pas une histoire, c'est la réalité. La réalité. Comme chaque fois qu'il s'en faisait la remarque, il ne cessait de remettre en question cette affirmation, était-ce vraiment la réalité, ou bien un rêve interminable ?

- J'ai toujours voulu votre bonheur. Toi, Neptuna, Luna...

*Tsukyo...*

- J'étais prêt à me sacrifier pour vous. Je le suis toujours. Mais aujourd'hui, si c'est ce que tu désires, je le ferais. Tu auras ce nouveau corps. La petite étoile va grandir - à nouveau, un sourire - et tu pourras toujours compter sur moi. Même si je ne sais pas encore comment justifier ta présence au peu de personnes que je connais. Ce sera beaucoup moins évident de te cacher.

Il laissa échapper un rire léger, mais quelque chose l'empêcher de s'esclaffer, il se sentait comprimé, mal à l'aise, comme si des milliers de regards surveillaient ses moindres faits et gestes, comme si tous attendaient qu'il fasse une erreur. Il n'avait toujours pas donné de réaction aux paroles pleines de sens de la poupée. Il continuait d'ignorer comme il l'avait fait jusqu'à aujourd'hui, mais il ne pouvait plus se complaire dans l'ignorance, il n'avait plus le droit de fuir, de chercher des justifications qui l'éloignaient de la vérité.

*Elle n'est pas de ce monde. Mais elle en fait partie. Elle n'est plus simplement animée. Elle ressent. Elle vit.*

" On en parlera après le 'transfert' - Non ! " Il devait arrêter de fuir, il devait faire face, il fallait qu'il affronte les sentiments de la poupée, mais avant tout, il devait faire face à ses propres sentiments. En était-il seulement capable ? Malgré ses efforts, il ne cessait de voir la poupée en face de lui, au lieu de regarder l'étoile que son corps cachait. Il secoua la tête et se retint de frapper son poing sur la moquette [ouais, il a de la moquette Faudra que je précise dans le descriptif de l'appart]. Il ne pouvait en venir qu'à une et unique conclusion : le corps faisait obstacle. Pas la matière. Ce corps de porcelaine ne le dérangeait pas, mais cette taille, ces traits... il ne pouvait voir la poupée uniquement comme il aurait vu une enfant. Elle avait raison.
Il s'approcha de la poupée, posa les lèvres sur son front puis lui offrit un sourire, comme pour la rassurer. Même s'il savait pertinemment qu'elle était sûre d'elle, déterminée.

- Je vais le faire.

Le ton était déterminé. Il avait pris sa décision. Il reconsidèrerait ses sentiments quand il n'aurait plus une enfant devant lui. Ce n'était pas une fuite, il le ferait, il avait décidé d'assumer, quelques soient les conséquences, il assumerait. Il venait de prendre une décision importante : ne plus douter du présent, assumer ce monde dans lequel il était plongé. Assumer ses sentiments. Arrêter de se voiler la face.

[A terminer... plus tard... désolé pour la traine...]
[C'est quand même déjà vraiment super =)]
[Fini]

[Déjà 1 mois.... le temps passe trop vite -_-']

L'étoile laissa paraître un visage étonné, ahuri devant une telle déclaration. Elle n'en revenait pas, ça se lisait dans ses yeux. Elle n'avait sans doute pas eu le courage de l'espérer, elle avait abandonné l'idée. Elle se tourna alors vers le fardeau qu'elle avait porté jusque là, le corps qu'elle avait tiré. Celui qu'elle habiterait bientôt.

- Je t'attends.

Après un bref moment d'hésitation, Riko se releva pour rejoindre la poupée. De nouveau à genoux, devant le canapé, il caressa les cheveux de Stella. Observa sa poitrine et resta là sans bouger un long moment. Il essayait de se convaincre, il ne s'agissait que d'une poupée. "Ce n'est pas parce qu'elle ressemble à une enfant que je dois m'inquiéter comme ça. " Difficile de se résoudre à déshabiller une enfant qui semble à ce point consentante. La scène lui semblait absolument improbable. Un coup d’œil vers la fenêtre. Au risque de rendre la situation encore plus suspecte, il préféra tout de même aller fermer les rideaux et mettre les volets en tuile en plus.
La pièce était obscure, mais pas totalement plongée dans le noir, c'était suffisant pour lui. Et après y avoir pensé, le fragment apporterait bientôt suffisamment de lumière pour éclairer son appartement entier par une nuit sans lune.
De retour devant la poupée, qui semblait s'impatienter mais confiante "comme toujours" pensa-t-il, Riko repris son affaire où il s'était arrêter. Il fallait dégager les vêtements qui permettraient d'atteindre le cœur de la poupée. Une nouvelle hésitation et il se décida enfin. Il ne pouvait lutter contre la gêne qu'il ressentait face à cette scène, mais il se força néanmoins à aller de l'avant et ne pas s'arrêter chaque seconde. Bientôt, le haut du corps de la poupée fut enfin visible. Il ne chercha pas longtemps avant de trouver l'ouverture mais là encore, il s'arrêta. Il avait dépassé le stade précédent, il n'était plus gêné. C'était le courage qui lui manquait. La moindre erreur, un tremblement : c'était la fin. Il n'avait plus droit à l'erreur.

Soudain, moment de lucidité. La poupée était toujours présente puisqu'il n'avait pas retiré son cœur, mais les problèmes seraient vite arrivés s'il n'avait pas penser à ce détail : le réceptacle. Il se tourna vers le nouveau corps et entreprit de déshabiller cette... femme, cette adolescente plutôt, inanimée. Pendant l'action il maudit le ciel à qui il n'avait jamais adressé la parole pour l'avoir mit dans une telle situation. Il se demandait s'il pourrait encore se regarder dans un miroir. Tous ses efforts pour se convaincre de l'absurdité de cet instant ne pouvaient rien y changer. Mais plus tôt il aurait fini, plus tôt il pourrait oublier ce moment pénible, ou du moins tenter de l'effacer de sa mémoire.

Tout était prêt. Il n'y avait plus qu'à faire le transfert. Un dernier sourire à Stella. Un sourire inquiet, peu convaincant, mais il ne pouvait faire autrement, il ne parvenait pas à afficher son éternel sourire plein de joie. Il s'en accusait mais ne pouvait rien changer. Il était temps à présent.

Il glissa ses mains contre les parois et attrapa le fragment chaud et palpitant. Un dernier regard, comme s'il cherchait à s'excuser, ne pouvant écarter la possibilité qu'il échoue, puis ce fut le noir. Il retira le fragment et la vie quitta le corps de la petite poupée.
Avec précautions, il fit un pas (à genoux !) de côté, puis un deuxième. Il se retrouvait ainsi devant le nouveau corps. Il inspira un grand coup et il lui sembla qu'il avait oublié de respirer depuis trop longtemps. Il sentit naître des tremblements tout le long de son corps et força le rythme de sa respiration pour se calmer. La bouche ouverte pour que l'air circule mieux, il n'entendait que ses inspirations et expirations, qui faisaient l'effet d'une bombe dans un écrin de silence.
Dans ses mains il sentait la vie, le cœur de la poupée qui palpitait. Il semblait battre plus fort à mesure que le garçon l'approchait du nouvel hôte. Doucement, très doucement, comme le médecin qui pratique une opération à risques. Se penchant au dessus du corps il glissait ses mains dans cette nouvelle maison, il inséra ainsi le cœur et quand il sentit les palpitations s’arrêter, il sut que le cœur était en place. Maintenant, il fallait attendre pour savoir si la fusion se ferait, ou si le corps allait rejeter cette nouvelle entité. Il avait retiré ses mains et fixait à tour de rôle le cœur et le visage de cette grande poupée. Il n'avait pas pris la peine de recouvrir le cœur, de rhabiller ce corps ou l'ancien, il ne s'inquiétait que d'une chose : allait-t-elle s'éveiller à nouveau.